Le Hameau de la Reine :
A la fin de 2014, j’ai été invitée par l’Etablissement du Château, du Musée et du domaine national de Versailles à réaliser une série de photographies pour le portfolio de son magazine culturel « Les Carnets de Versailles » (Les Carnets de Versailles n°7, avril – septembre 2015) et une collaboration a alors débuté dans différents lieux du domaine et plus particulièrement dans les espaces du Hameau de la Reine avant et pendant sa restauration.
Avec le Hameau de la Reine, je touche pour la première fois la notion d’intime. Entrer dans ce lieu, c’est en quelque sorte entrer dans l’espace privée de la Reine.
J’aborde le Hameau de la Reine comme un lieu d’histoires et non seulement d’Histoire. Dans ces photographies, l’aspect facticement rustique des différentes bâtisses ouvre sur un autre monde, une fois le seuil franchi. J’ai voulu délibérément m’intéresser à l’envers du décor, celui dont les portes et l’accès sont condamnés.
Les premières photographies du Hameau de la Reine dévoilent des intérieurs désertés, figés dans un abandon qui semble remonter au temps de sa plus illustre occupante.
Pendant la période de restauration, je décide de porter mon regard sur des configurations d’espaces et de lumière qui renvoient à une présence irréelle et presque abstraite du lieu.
Miroirs :
La série des Miroirs a été réalisée au Château de Versailles dans les appartements privés de Marie-Antoinette après avoir photographié les différentes bâtisses du Hameau de la Reine avant sa restauration.
Dans cette série, j’ai cherché à donner la sensation que cette salle, composée essentiellement de miroirs, se déplie, se découpe, se fragmente en plusieurs espaces créant ainsi différentes strates de lecture. De couche en couche, ces miroirs cumulés creusent l’image jusqu’à prendre le regard au piège. Le lieu en perd son identité première et ce caractère d’irréalité tend alors vers l’abstraction.
La Petite Ecurie :
Au cours de mes découvertes du domaine du château de Versailles, j’ai pu pénétrer dans la Petite Ecurie qui abrite la fascinante collection des moulages du Musée du Louvre.
Les moulages et les sculptures que j’ai cherchés à photographier, créent, à leur insu, une mise en scène et se prêtent même à une composition narrative. Certaines de ces photographies évoquent une sorte de chaos, proche d’images apocalyptiques. D’autres, en appellent au dialogue, au songe, au recueillement. A travers ces photographies, c’est aussi une plongée dans notre histoire, celle de l’Antiquité et plus particulièrement celle de la civilisation grecque et romaine qui constituent un véritable miroir pour l’humanité. Les moulages présents dans la Gypsothèque de Versailles constituent aussi une mémoire et un témoignage de civilisations disparues.
Dans ce lieu porteur de secrets, d’énigmes, la lumière et les ombres participent à la théâtralité de ce qui se joue entre ces personnages et ce lieu onirique exerce alors une réelle fascination.